Dans un contexte où la saturation publicitaire devient le sujet d’une grande partie des réunions de crise des boites de communication, et où le spot TV, jadis redoutable catalyseur des ventes, se voit acculé à un vulgaire « interrupteur intempestif » des programmes télé, le placement de produit tire son épingle du jeu et sort de la clandestinité à laquelle il fut longtemps relégué. En s’intégrant naturellement à l’histoire et au scénario, sa portée défie le temps et marque les esprits à long terme, pour peu que la popularité du produit cinématographique sous-jacent soit au rendez-vous. Si l’écrasante majorité des « top of mind » s’invite quasi-systématiquement dans les plateaux de tournage des blockbusters, il est une firme fruitée à qui tout Hollywood voue un culte sans précédent. Décryptage…
Un retour sur investissement irréel
Par analogie à un spot TV traditionnel, le placement de produit enregistre un ROI* exceptionnel avoisinant les 440% ! Les Marketers de chez Apple l’ont bien compris, et pour finir d’asseoir la suprématie de la firme à la pomme, ils ont relevé le défi « d’infiltrer » l’essentiel des grosses productions Américaines, parfois sans débourser le moindre Dollar. En créant un département exclusivement affecté à la gestion de la relation avec Hollywood, Apple prend un train d’avance et s’impose comme le partenaire idéal des réalisateurs pour une aventure cinématographique efficace et surtout efficiente. Résultat des courses ? Les iPads, iPhones et autres gadgets Apple ont bénéficié de plus de 8 minutes de temps à l’écran dans le dernier Mission Impossible, valorisé à presque 20 millions d’euros, et ce, sans un Kopeck ! Apple surf également sur la tendance des séries, objets d’un streaming massif des 18-35 ans, et assure les besoins informatiques des protagonistes de Sex and the city, 24 heures chrono, Modern Family ou encore 30 Rock.
Placement de produit : quand Apple était au bout du rouleau
En 1996, Apple agonisait financièrement, à tel point que le dépôt de bilan fut un temps envisagé. Alors quand Jon Holtzman, responsable marketing de l’époque, mit le projet de la « sponsorisation » du premier « Mission Impossible » sur la table, les décideurs se sont moqués d’un plan « sans queue ni tête », et ont déploré un « coup de massue final » aux finances d’une entreprise sans liquidités. Pourtant, quelques mois plus tard, après une guerre intestine qui débouchera sur plusieurs restructurations, Tom Cruise mènera à bien sa mission impossible en s’appuyant sur les prouesses technologiques du Power Book d’Apple. Ce coup médiatique marquera le début du renouveau, matérialisé par le discours de Steve Jobs à la Worldwide Developers Conference en 1998.
*ROI : Return on Investment (retour sur investissement)